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PORTRAIT DE CREATRICE #6 – Mars 2023

Sophie, Hymy

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Sophie Faiola, j’ai 40 ans et j’ai 2 enfants. Je suis quelqu’un de joyeux, de volontaire et surtout j’aime FAIRE. J’ai commencé ma vie professionnelle en tant que cadre en entreprise et, en 2019, j’ai eu envie de redonner du sens à mon activité : j’ai donc décidé de me consacrer à la céramique et d’en faire mon métier !

Comment s’appelle ta marque et quelle est son histoire ?

Ma marque s’appelle Hymy : ça veut dire « le sourire » en finlandais. J’ai longtemps cherché un nom, je n’avais pas envie d’utiliser mon nom ou mon prénom mais plutôt d’évoquer un univers.

Ce nom, Hymy, me correspond bien car je suis quelqu’un de positif, je pense que sourire conditionne nos humeurs. En souriant nous renvoyons de la lumière aux autres et à nous même, même les jours ou il fait gris. Et la Finlande c’est mes racines : ma maman est finlandaise, j’ai passé toutes mes vacances là-bas quand j’étais enfant. J’ai eu la chance de vivre ces vacances dans la nature : ça m’a nourrie, et ce besoin de nature revient assez souvent, encore aujourd’hui. Travailler la terre c’est une façon de me reconnecter à la nature, ça m’apaise.

Comment définirais-tu ton métier ?

Je suis céramiste, tout simplement !

Qu’est-ce qui te plaît particulièrement dans ce métier ?

Le produit, le contact avec la terre. Ça peut sembler basic mais c’est réel. Le travail de la terre est très conditionné à tes émotions et ton humeur. Il faut aussi avoir beaucoup d’humilité et de résilience. La patience n’était pas une de mes plus grandes qualités et ce métier me force à accepter que les choses prennent du temps.

Je veux faire de l’utilitaire et des objets qui vivent dans le quotidien. Ma madeleine de Proust ? La vaisselle en porcelaine de mes vacances en Finlande. C’était toujours la même et c’est devenu un symbole de super moments en famille. La démarche même d’achat d’une pièce en porcelaine artisanale (le prix mais aussi la recherche) implique que c’est une pièce choisie, dont on va prendre davantage soin et qui va durer. J’aime que mes pièces soient les témoins de ces moments du quotidien des gens qui les accueillent chez eux, je suis très attachée à cette notion de souvenirs, même anodins : le café du matin, s’allumer une bougie, bouquiner avec un thé, … 

Un autre point qui me plaît particulièrement c’est FAIRE. J’aime produire, travailler de mes mains. Quand tu es à l’écoute de cette terre, il se passe des trucs magiques. J’aime le travail de la couleur : les possibilités sont infinies donc ça peut être assez abyssal, il faut savoir faire des choix mais c’est aussi hyper stimulant !

Comment en es-tu arrivée là ?

Je ne sais pas si c’est moi qui ne me suis pas laissé le choix ou si c’est mon cadre d’éducation ou un peu des deux, mais je n’ai pas le souvenir que ne pas faire d’études était une option pour moi. J’ai donc un Bac + 5 en marketing et management global d’entreprise et un master en management des marques.

Après un passage compliqué dans l’automobile, j’ai décidé de devenir commerçante et c’est comme ça que je suis « tombée dans la chaussure » ! J’ai passé 3 années exceptionnelles, à évoluer, à redresser des boutiques. Il y avait plein de challenges à relever, j’ai adoré travailler avec les équipes et on était dans quelque chose de très concret. C’était assez gratifiant comme boulot. Je faisais partie du groupe Vivarte et j’ai eu l’opportunité d’une évolution dans le groupe : je suis donc devenue responsable marketing pour la marque Cosmoparis, ce qui tombait bien car j’étais enceinte et, combiner une vie de commerçante et de maman, cela n’aurait pas été simple. On était vraiment au tout début de la marque, et ça a été une super aventure. Je suis restée 8 ans puis, un peu fatiguée par le « toujours plus » (de challenges, de collaborateurs à gérer, de budgets, de CA, …), qui était de moins en moins en phase avec ma vision personnelle, j’ai décidé de partir. C’est à ce moment-là qu’on a décidé de déménager à Bordeaux, pour un changement de vie radical ! Au final, le changement a été un peu plus lent que prévu.

Nous sommes bien arrivés à Bordeaux mais j’ai continué à travailler pour Cosmoparis, qui était dans un contexte particulier de rachat. Ce dernier s’est d’ailleurs plutôt mal passé, et j’ai finalement bénéficié d’un licenciement économique.

J’avais enfin du temps pour savoir ce que je voulais faire de ma vie ! J’ai donc pris le temps, via un bilan de compétences. On a cherché assez loin, ça a été un vrai temps d’introspection et le constat a été que j’étais, en gros, une « artiste refoulée ». A partir de ce moment-là, j’ai commencé à oser affirmer que je voulais travailler de mes mains. Et là, les étoiles se sont alignées : une formation accessible, des aides, un stage trouvé assez facilement, …

D’ailleurs, je devais rester une semaine en stage et je suis restée 2 ans ! On a développé, avec Karine, qui m’avait accueillie en stage, la marque « Les Grandes Cousines ». Au bout de 2 ans super enrichissants, chacune a repris son propre chemin. J’avais aussi besoin de me rapprocher physiquement de mon atelier, qui est maintenant chez moi : la terre est une matière vivante, sur laquelle la météo, et le taux d’humidité, a un impact non négligeable. Être loin de l’atelier devenait problématique pour avoir une gestion au plus juste de la matière. Et Hymy est donc née à l’été 2022 !

Comment décrirais-tu ta semaine-type ?

Alors ma semaine-type dépend beaucoup des commandes mais, en général, en début de semaine, je me consacre plutôt aux commandes et, en fin de semaine, j’essaie de garder du temps pour des créations plus personnelles : mes essais, mes recherches, l’administratif aussi, le site web, que je vais finir par lancer !, les prototypes, les rendez-vous, …  

Des difficultés dans ce métier ?

Ce qui est vraiment difficile, c’est de passer d’un statut de salarié à un statut d’artisan. Factuellement, si tu ne produis pas, tu n’as pas. Il y a donc une forme de pression, qui est assez antinomique avec le processus créatif. Ça prend du temps d’intégrer cette ambivalence et d’arriver à se détacher un peu du « Je dois gagner ma vie » pour laisser de la place à la création. Et ne pas partir sur des commandes qu’on s’impose avec le seul objectif de gagner sa vie. C’est un métier qui demande beaucoup de travail, en temps et en énergie, avec une rémunération plus faible. J’ai de la chance, les gens avec qui je travaille respectent l’artisanat, mes choix et mon univers.

D’un point de vue plus technique, la grande difficulté c’est la casse ! C’est un peu la mauvaise surprise des ouvertures de four. Rater fait partie du métier. Je pense qu’un céramiste n’est jamais expert à 100% : il y a toujours des choses à découvrir. Cela apprend l’humilité…

Comment imagines-tu tes nouvelles créations ?

D’une manière générale, c’est un produit utilitaire, je le projette toujours dans son futur rôle et son futur univers. Je suis très attachée aux formes. C’est un peu ma quête de trouver ma forme parfaite… De par mon histoire, j’ai une inspiration plutôt scandinave. Et j’adore travailler plein de couleurs. Je suis très sensible aux couleurs, aux imprimés aussi d’ailleurs, même si je n’en fais pas.

Je ne dessine pas, je suis très instinctive, très dans le FAIRE. Mais je me rends compte que ne pas dessiner me fait perdre beaucoup de temps, donc je m’y mets un peu. Mais, même quand je me force à dessiner, je teste d’abord : la terre est toujours le point de départ et le dessin me permettra d’affiner le projet, les dimensions par exemple.

L’inspiration part aussi des besoins des gens. Je suis très attachée à faire des choses dont les gens ont besoin. Je ne pense pas avoir une fibre artistique pour développer des objets purement conceptuels. Je puise dans mes souvenirs, dans la manière dont je vis. Mon café du matin a clairement changé depuis que je le bois dans des tasses façonnées à la main ! Le moment n’est pas le même : boire un produit qu’on aime dans une tasse qu’on aime a plus de sens que le faire dans la même tasse que tout le monde.

Des conseils pour quelqu’un qui voudrait se lancer dans l’artisanat ?

  • Le premier : ne pas écouter ses peurs, vraiment les mettre de côté
  • Le second : laisser le temps au temps, surtout dans un métier comme céramiste, où c’est la matière plus que l’humain qui décide.
  • Et concrètement : faire rapidement des choix (de terres, de styles…), pour ne pas se perdre dans une vie d’essais 😉

Enfin, quels sont tes projets pour la suite et tes actus ?

Côté produits, je suis en train de travailler sur de nouvelles formes d’assiette, de créer un jeu de morpion en porcelaine et de finaliser des luminaires pour l’épicerie italienne de mon mari (Casa Faiola, https://www.casafaiola.fr/). Je développe aussi de la décoration murale.

Côté entreprise, je vais continuer à faire grandir ma marque et lancer mon site internet : soyez patients, il arrive bientôt !!

Côté création, il y a encore plein de couleurs que je veux tester !

J’aimerais proposer des ateliers aux enfants et leur faire faire des petits animaux. Encore une fois, cela a un lien avec mon enfance et la Finlande. Là-bas, il y a beaucoup de foyers où on trouve des oiseaux en cristal. J’ai toujours été fascinée par cet objet ! Donc je teste ce type d’ateliers avec mes enfants. C’est plutôt une réussite, je vais essayer de le proposer plus largement…. Un jour ! 😉

Dans cet esprit, à terme, j’aimerais avoir un lieu pour partager des moments et développer les ateliers. Je n’ai pas envie de donner des cours car je ne suis pas une experte technique mais j’adore faire vivre des moments de contact avec la terre. Ce sont toujours de bons moments !

Pour découvrir l’univers de Sophie et suivre ses actus, suivez-là sur Instagram @hymy_bordeaux. Et soyez vigilants, son site Internet ne devrait pas tarder à sortir !

Crédits photos : Wecandoo, Sophie Faiola, Sardinephotography

Portrait chinois

Une saison : le printemps

Une couleur : le vert

Une pièce de la maison : la cuisine

Une fleur : une pivoine

Un objet : une bougie

Une odeur : le jasmin

Une matière : la porcelaine

Un lieu : l’archipel au Sud de la Finlande